La qualité de présence en éducation

La qualité de présence suppose autre chose que la présence ordinaire, souvent physique alors que l’attention est ailleurs, prise dans les soucis de bureau, dans les projets des prochaines vacances, dans les idées préconçues sur l’autre, dans l’attente d’autre chose que ce qui se passe ici et maintenant: que de pensées!

Nous pouvons supposer qu’en ajoutant le terme « qualité » à la présence, il y aurait quelque chose en plus. En plus ou en moins? Plus de silence? Moins de pensées? De moins en moins de pensées? Ou plutôt « non penser » pour reprendre l’expression d’un samouraï dans « Le dernier samouraï ».

Par « qualité de présence » est nommée cette attention qui part de notre espace d’accueil intérieur, sans objectifs ni attentes et qui est disponibilité, dans un état de grande réceptivité.

Le seul vrai outil dont l’éducateur a besoin en éducation est sa qualité de présence.

La qualité de présence, pourquoi?

Devant la diversité des principes et conseils donnés en éducation, nous nous sentons de plus en plus perdus aussi car, quelle que soit la recette appliquée, cela marche de moins en moins, voire pas du tout, avec beaucoup d’enfants.

Tous ces techniques et outils divers nous font oublier que, quel que soit l’outil dont nous nous dotons, nous allons à l’échec si nous appliquons l’outil, la méthode sans exercer une qualité de présence. Elle nous permet de nous ajuster en permanence à la situation et à l’éduqué, dans une rencontre de cœur à cœur, quitte à parfois laisser tomber la règle ou la technique.

L’enfant et l’adolescent sont sensibles à une atmosphère de vérité. Pouvons-nous arrêter de jouer un rôle: celui de l’adulte qui sait? Dans la rencontre, avons-nous assez de courage pour arrêter de nous cacher derrière notre savoir  et accepter de ne pas connaître complètement cet enfant, même si c’est le nôtre?

Dans cette attitude de non-savoir, nous aurons peut-être une chance d’entendre réellement ce qu’il tente de nous dire. Nous aurons peut-être une chance de le voir et le comprendre tel qu’il est et non selon nos projections.

La qualité de présence, boussole de l’éducateur

La présence qui nous met en résonance avec l’autre nous permet aussi de nous ajuster en permanence entre l’accueil et la structure.

L’éducateur qui utilise l’écoute comme une technique risque de s’enliser dans l’accueil car il n’ose pas être dans la fermeté et le cadre.

De même, celui qui est dans le cadre sans qualité de présence risque d’oublier l’accueil et la compréhension.

Dans cette navigation, l’éducateur accepte de ne rien savoir à l’avance. Il accepte le risque d’être vu comme laxiste et incompétent. Il accepte de renoncer à des règles codifiées une fois pour toutes et pour tous: des règles forcément inadaptées à la personne. Il renonce à être infaillible. Il accepte d’être humain: tâtonner et peut-être se tromper.

Dans cette apparente incohérence, il y a une cohérence qui impactera l’éduqué: le courage de l’éducateur à être lui-même et ses tentatives, même imparfaites, de rencontrer l’autre dans son intégrité

Le courage d’accompagner

Dans un monde qui utilise de plus en plus la personne, qui lui demande d’être tout sauf lui-même et qui ne sait plus être au service de son humanité pour l’aider à se développer, les éducateurs ont à aller résolument dans cette direction pour faire le poids.

Je vous propose de devenir cette personne qui accompagne les jeunes sur ce chemin de construction de leur humanité.