A propos de l’ECI (éducation vers la croissance intérieure)
Le but ultime de l’éducation est la croissance intérieure de la personne, processus qui dure tout au long de son existence.
Comment accompagner pour que, devenu adulte, l’enfant puisse continuer à prendre soin de son processus de croissance et devenir qui il est?
Le rôle de l’éducateur consiste à faciliter les processus de passage, pour permettre à la personne d’atteindre son but ultime.
Le but de l’éducation
Le but de l’existence est de trouver le bonheur.
Eduquer, c’est aider à trouver le bonheur.
Ni dans la facilité, ni dans la possession, ni dans la fuite, ni dans la compensation.
La paix se trouve dans l’accomplissement de ce que nous portons en nous.
Nous sommes heureux quand nous vivons notre vie. Nous sommes en paix quand nous avons fait ce que nous avons à faire: par exemple déployer nos potentialités. Nous portons tous en nous la potentialité ultime: donner l’amour.
Cela ne veut pas dire qu’il faille éduquer les enfants à cela tout de suite. Une éducation à la croissance intérieure les prépare étape par étape, de manière structurée et ordonnée, à cette potentialité.
L’éducation à la croissance intérieure (ECI)
L’ECI accompagne l’éduqué(e) à travers des étapes de son processus de développement, le menant vers cette quête du bonheur, de la paix et de la sérénité.
Les étapes du processus de développement ne doivent pas faire l’objet de pressions ni de rabachâges car l’éducateur provoquerait des résistances et des refus. Toute une atmosphère venant de l’éducateur passeur, due à son chemin intérieur, sa maturité affective et ses attitudes permet à l’éduqué(e) de vivre naturellement les processus de passage le menant de « moi d’abord » à « nous », puis à « toi ».
L’éducateur passeur veille à respecter profondément ce « moi d’abord » et à accueillir inconditionnellement les besoins fondamentaux et les émotions puissantes de cette étape très égocentrée de l’enfant et de l’adolescent.
Il ne bouscule pas le passage vers une gestion plus mesurée de la toute puissance, ce vécu de toute puissance faisant partie de la construction de l’enfant. L’adolescence peut voir de nouveau la manifestation de la toute puissance. Cela fait partie du processus de maturation.
Parce qu’il s’est guidé fermement dans ses propres processus de passage, l’éducateur passeur sait aussi manifester de la fermeté quand il s’agit de rappeler à l’éduqué(e), d’une manière adaptée à ses possibilités, la nécessité de la prise en compte du »nous ».
Respecté(e) dans ce qui le(la) constitue et baignant dans un cadre ferme lui donnant une structure intérieure, l’éduqué(e) peut passer :
- des vécus émotionnels intenses et confus à la compréhension de son monde intérieur
- de la mise en actes sans conscience à la mise en mots consciente de ses émotions, ses désirs et de ses besoins
- de la satisfaction immédiate et compulsive de ses désirs à la temporisation et à l’examen des conséquences
- de la recherche de l’approbation de l’adulte à la fidélité et au soutien de soi
- de l’impuissance et de la dépendance, et par voie de conséquence, de la toute puissance sur l’autre au pouvoir personnel et au respect du territoire de l’autre
- du refus de la réalité à une gestion réaliste tenant compte des contraintes et de ses besoins fondamentaux
- du rejet, venant de la comparaison avec les autres à l’amour de soi venant de la reconnaissance de ses points forts et de l’auto-soutien de ses points faibles
- du « moi d’abord » au « nous », puis au « toi ».
Les outils de l’éducateur passeur
L’éducateur passeur n’a d’autres outils que lui-même, sa qualité d’écoute et sa qualité de présence.
Les attitudes de respect inconditionnel, de compréhension profonde et de grande cohérence, portées par la qualité de présence, se manifestent dans la qualité de regard et le dialogue avec l’éduqué(e) à travers des situations de vie quotidienne: écoute des moments de joie et de peine, mise en mots du potentiel qui demande à se déployer, mise en mots des ressources, reconnaissance des erreurs et des limites de l’éducateur passeur, énonciation des règles de vie commune.
L’énonciation des règles dans l’ECI
Si l’écoute est assez connue dans sa forme et dans sa posture, l’énonciation de règles dans l’ECI est encore méconnue. Exercice délicat et fondamental, l’énonciation des règles est tout sauf une pure et simple énonciation classique des règles. C’est une occasion pour mieux connaître le monde intérieur de l’éduqué, sceller une relation d’alliance et laisser encore plus de place à l’éduqué(e) dans la relation.
L’outil « écoute » est, bien sûr, fondamental, mais plus encore, la maturation affective de l’éducateur passeur pour énoncer la règle selon les nécessités de la situation, dans la posture d’ouverture et non selon des critères de morale extérieure, dans une attitude défensive.
La règle n’est pas énoncée non plus pour que l’éducateur prenne le pouvoir dans la relation. Elle porte, dans la façon d’être énoncée, la volonté de l’éducateur de rejoindre le monde intérieur de l’éduqué(e). Elle porte aussi la volonté de l’adulte de modifier la règle le plus possible pour tenir compte des possibilités de l’autre.
L’énonciation des règles est un moment précieux pour l’éduqué(e) de voir l’éducateur passer du « moi » au « nous ».
Implicitement, l’éducateur dit à l’éduqué(e): « Regarde. Cette règle que j’ai verbalisée en fonction de « moi » et de mes conceptions, je la modifie en fonction de ce que j’entends de « toi ». Je la transforme en fonction des nécessités de la situation et de « nous ». »
Participe aussi à l’ECI la volonté de l’éducateur passeur de tenir ferme l’application de la règle et de ses conséquences, une fois l’énonciation et la modification terminées.
Quand l’éducation va à l’encontre de ces objectifs de croissance intérieure, elle bloque le processus d’évolution de la personne. Elle crée des troubles fréquents actuellement: opposition systématique, émotions qui débordent, anxiété, troubles de l’apprentissage, troubles du sommeil, troubles de la relation.