L’émotion, source de connaissance de soi
Un certain flou par rapport à notre vie émotionnelle a sa source dans l’éducation. L’interdit explicite de les exprimer (« t’es pas beau quand t’es en colère », « arrête de pleurer », …..) ou la peur non exprimée des émotions venant de nos parents nous rendent étrangers sinon méfiants à cette part importante de notre intériorité. Soit nous les fuyons et nous nous coupons d’elles (quand elles sont difficiles). Soit nous nous en emparons avidement et nous les vivons avec le désir que cela dure ou avec la peur que cela s’arrête (quand il s’agit d’émotions agréables). Ces processus font que nous ne les connaissons pas réellement. La peur ou l’avidité empêchent la réelle connaissance.
Se connaître, à quoi ça sert?
Les connaître, c’est se connaître. Elles représentent une facette importante de notre intériorité. Elles permettent aussi l’accès à d’autres facettes tout aussi importantes: nos besoins fondamentaux, nos potentialités et nos possibilités de déploiement. Enfin, elles sont la porte qui mène vers plus d’autonomie et plus de pouvoir personnel.
Dépendre de soi ou dépendre de l’autre
La peur de ressentir les émotions nous éloigne de notre intériorité et de notre réelle sécurité. Nous en venons à donner une importance exagérée et erronée à l’extérieur, à l’autre ou aux événements. Nous avons là une des causes essentielles des difficultés de la vie de couple et de la vie en famille. Nous attribuons à l’extérieur toute la responsabilité de notre bonheur ou de nos souffrances. Nous renonçons ainsi à exercer notre autonomie, notre responsabilité et notre pouvoir.
Exercer notre pouvoir personnel
Que de confusion autour de cette notion de pouvoir! Les conditionnements nous font répéter les mécanismes relationnels vécus dans l’enfance. Nous cherchons constamment à exercer notre pouvoir sur les autres, en voulant obtenir d’eux de l’amour, de la considération,etc. Nous n’avons pas appris à devenir responsable de notre bonheur et peinons à le faire. La dépendance à l’autre et la confusion de territoires ont comme conséquences le mal-être, l’anxiété, l’instabilité d’humeur, la crispation,etc.
Changer oui, mais changer quoi?
Trop souvent, en proie au mal-être, nous voulons changer notre vie et les décisions sont prises sous l’impulsion de la souffrance. Le premier changement consiste à établir une relation différente à notre intériorité. Avant toute décision, d’abord se connaître en connaissant sa vie émotionnelle. Changer notre relation à nos émotions suffit parfois à changer bien des aspects de notre vie.
Comprendre notre fonctionnement par rapport à l’émotion
Très souvent, peut-être tout le temps, nous vivons l’émotion dans la tête avec des pensées de peur, de colère ou de tristesse du genre : « J’en ai marre qu’il fasse ça » ou « Pourquoi elle m’a quitté », etc…. Nous croyons que nous fuyons l’émotion en allant faire du shopping ou autre chose. Non, non, la première fuite c’est d’aller exclusivement dans ces pensées de rumination. Cela évite la rencontre globale avec l’émotion qui est aussi un vécu corporel et sensoriel. L’émotion s’exprime bien sûr dans la tête par les pensées qui s’emballent, mais aussi dans le corps par le ventre qui se noue, la respiration qui se bloque, la poitrine qui se dilate, etc. Et c’est pénible à vivre! Nous évitons la rencontre dans le corps car nous en avons peur, car les sensations corporelles émotionnelles échappent à nos prévisions et à notre contrôle.
Connaître ses émotions, en quoi ça consiste?
C’est donc aller à la rencontre du ressenti corporel, très souvent pénible quand il s’agit d’une émotion difficile. Puis par une procédure spécifique de dialogue avec le ressenti, découvrir tout un arrière-plan qui n’a pas été vu, fait de vécus douloureux souvent oubliés. C’est une autre façon de vivre l’émotion qui sort du ressassement. Elle apporte plus de compréhension profonde et plus de détente. Souvent, ces informations inédites nous permettent enfin de voir la situation telle qu’elle est. Cela va provoquer du nouveau dans nos réactions et donc un changement dans la situation.
Nous pouvons ainsi vivre l’émotion, même difficile, non comme une ennemie mais comme une alliée permettant d’accéder à plus de connaissance de soi.
Nous pouvons enfin exercer notre pouvoir personnel car nous arrêtons de rendre les autres responsables de nos émotions douloureuses.